Ici...

Le vent...

Couchés sur le matelas qui maintenant connait la forme de nos corps chaque nuit fatigués et sous la coupole transparente de la maison ronde, un morceau du tableau étoilé, une danse d'ombres nuageuses et de lumière lunaire sont chaque soir les dernières images.

Mais il en est d'autres où l'on ne voit rien. Des soirs, des nuits entières où le corps n'est plus qu'audition. Ecoutant l'arrivée d'une rafale de vent, venant du Nord ou de L'ouest, parcourant les premiers arbres pour glisser dans un grondement à travers les pins et les chênes qui entourent notre habitat léger. La toile tremble, nous l'entendons. La rafale s'en est allée. Que dira la prochaine? Avec quelle force emportera-t-elle nos certitudes? Il en suffirait d'une seule, un peu trop désinvolte...

Et nos voisins, ces vieux indigènes qui tanguent de leurs cimes offertes? Qu'en est-il d'eux? Qu'en est-il de nous auprès d'eux? Une crainte inévitable s'empare, accapare l'esprit quand le vent se met à souffler de plus en plus fort, quand les branches telles des chefs d'orchestres en transe dansent au dessus de nos têtes. Il suffit d'un peu de pluie pour que la mélodie change. Pour que les évidences changent...

Petite maison de bois, de paille et de toile... Petite maison de nos rêves devenus réalités... Petite maison mobile qui tremble au rythme de ce que l'on ne peut contrôler...

Murmures célestes, hurlements cosmiques, silences terrestres nous nous inclinons devant vos libertés, car d'elles grandit notre humilité.

Pleins de douceurs hivernales avant l'arrivée du Dieu Printemps...